Avecleur permission, nous avons dĂ©cidĂ© de vous faire profiter de ces mots d’adieu. Je publierai des lettres Ă  intervalles irrĂ©guliĂšres. Je publierai des lettres Ă  intervalles irrĂ©guliĂšres. Voici donc la transcription intĂ©grale des lettres Ă©crites Ă  des ĂȘtres chers dĂ©cĂ©dĂ©s , par des clients et clientes venus voir Johanne pour parler Ă  leurs morts.
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Cest ce disciple qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites. Et nous savons que son témoignage est vrai. 1 Pierre 5:12 C'est par Silvain, qui est à mes yeux un frÚre fidÚle, que je
Paroles Je pense Ă  vous souvent Je continue quand mĂȘme D'aimer les bateaux blancs Que le dĂ©sir entraĂźne Je manque de vous souvent Mais je m'en vais quand mĂȘme Laisser voler le vent Qui souffle sur la peine ChĂšre amie Je vous envoie ces quelques mots Pour vous dire qu'il ne fait pas beau Et que j'ai mal Seul, depuis que je vous ai perdue Je vous Ă©cris ces quelques fleurs Avec mon cƓur Ă  l'intĂ©rieur Je vous fais Toutes mes excuses Je rĂȘve Ă  vous souvent Je me souviens de tout Je me rĂ©veille Ă  temps Et je vous vois partout Je vous attends souvent J'invente un rendez-vous Vous n'avez plus le temps Plus une minute Ă  vous ChĂšre amie Je vous envoie ces quelques mots Pour vous dire qu'il ne fait pas beau Et que j'ai mal Seul, depuis que je vous ai perdue Je vous Ă©cris ces quelques fleurs Avec mon cƓur Ă  l'intĂ©rieur Je vous fais Toutes mes excuses ChĂšre amie Je vous envoie ces quelques mots Pour vous dire qu'il ne fait pas beau Et que j'ai mal Seul, depuis que je vous ai perdue Je vous Ă©cris ces quelques fleurs Avec mon cƓur Ă  l'intĂ©rieur Je vous fais Toutes mes excuses Fabrice Aboulker, Marc Lavoine Universal Music Publishing Group
Commepour la formule d’appel, la conclusion du mot de remerciement doit se faire par une formule de politesse qui exprime la bonne distance. De la plus intime Ă  la plus formelle, vous avez le choix entre les expressions suivantes : Bises ou alors “Je t’embrasse”. AmitiĂ©s/toutes mes amitiĂ©s/amicalement. Cordialement.
Description Que dit la poĂ©sie ? Je viens sans glaive, sans Ă©pĂ©e. J’en appelle Ă  l’encre du ciel, au sang des Ă©toiles, au chant de l’alouette, aux couleurs de la criste-marine, Ă  ce caillou blanc oĂč mon nom est incrustĂ©, ici, sur terre oĂč tout n’existe que par le langage et l’expĂ©rience d’un cƓur Ă  cƓur, lĂ , avec quelque chose qui se donne Ă  Ă©couter, respirer, sentir, toucher. En songe, je rejoins ce frĂ©missement de l’eau glissant des mains de la source souveraine, son frĂȘle reflet teintĂ© d’une lueur impalpable. Aussi je m’en reviens Ă  l’aube
 au temps du commencement, sommĂ©e de dĂ©chiffrer ce qui est la Parole oĂč surgit la vie. Et je m’aperçois que ce qui me dĂ©passe et rend grĂące est au cƓur du vulnĂ©rable voire de l’insondable. Quelle sagesse pourra m’introduire alors aux beautĂ©s de la Parole ? Qui me fera poĂšme ? OĂč naĂźtra l’inflexion de ma voix vous laissant Ă©couter le simple souffle de l’Ange, son Ă©lan sans ivresse ? Accueil Mai. Le merle veille la merveille sans falsifier le silence. Je me lĂšve au premier chant de l’oiseau. Ciel sans nuages. Peut-ĂȘtre le passereau attend-il de lire le beau dĂ©sir de l’aube
 Je compte et vois sept Ă©toiles, tels des chandeliers. LĂ -bas, les champs Ă©tendent leurs draps de colzas. PrĂšs de la roseliĂšre, une chapelle engourdie. Des vernes encore dans l’ombre, et les fiançailles du poĂšme. Il ne faut point recroqueviller ses bras de l’encre et de la feuille. C’est l’heure de tendre les mains, d’accorder un mot de bienvenue Ă  la note inouĂŻe surgissant de la transparence du vide. Écrin matinal. Arbres et parfums alentour de la blanche maison. On entend s’avancer la tendresse du silence. Aurore et patience donnent aux choses un Ă©clat neuf, comme une douce silhouette de femme fait aimer la vie, son immortelle prĂ©sence. La beautĂ© apparaĂźt au cƓur des fleurs. L’ouvrage s’enlumine non par inadvertance mais en reconnaissance. Et lorsque les rousserolles s’abritent dans les coudriers, la crĂ©ation est une, vive, prĂȘte Ă  ramager. Le jardin C’est le contraire de la vacance. Il cultive et dispense un bel assortiment de joie. ArĂŽme lĂ©ger d’un juteux parfum. Once de douceur sur la peau. L’aile d’un oiseau glisse de la branche du sureau. ClartĂ© du bel automne. La rose contemple le papillon qui s’émerveille, se souvenant qu’il fut chrysalide. On s’arrĂȘte auprĂšs du vieux mur oĂč la bruyĂšre, couleur d’ombre et de chair, lĂąche prise. DĂ©jĂ  s’effeuillent les hortensias. On se prend Ă  dĂ©sirer, curieux d’un manque qui envahit ; on se donne Ă  aimer les rouges mystĂ©rieux des allĂ©es, les parchemins et tapisseries du dĂ©cor. Nos pas retenus bruissent de la lĂ©gĂšretĂ© du bonheur, surpris de penser que nos parents s’y sont connus et qu’ils vĂ©curent ici, dans le jardin. brĂšve variation sur un chant de Jean Vuaillat Comme une herbe qui se penche Ă  HĂ©lĂšne Cadou Une page soumise au vent
 Dans un poĂšme, c’était hier, c’est aujourd’hui et c’est demain dĂ©jĂ  pour chaque rencontre, pour chaque fleur, pour cette jeune fille mais aussi pour les pommiers qui allument la voĂ»te de l’humus. LĂ -bas, les horizons marins au-delĂ  des biefs et des tourbiĂšres
 Et l’aube au vent salĂ© oĂč s’éprennent les reinettes. Ô lueurs fragiles ! Ô mains blanches du poĂšte ! Recueillement. Ferveur. Éblouissement. Chaque mot danse d’une pudeur extrĂȘme, comme une herbe qui se penche. L’aube. Transparence Ă  venir. Admirable poĂšme d’amour enfin reconnu. Chaque pas de son verset se donne Ă  la fragile existence du fil si tĂ©nu de la vie et des biens de ce monde nocturne parĂ©s d’amitiĂ© Informations complĂ©mentaires Poids 101 g
Jedevais avoir quelques trĂšs petits Ă©crits qu’un de mes amis me suggĂ©rait de publier, mais je voyais cette espĂšce de minuscule plaquette, et je me demandais comment je pouvais les rĂ©unir. Et j’ai pensĂ©, un jour, que tous ces petits Ă©crits pourraient parler de la mĂȘme personne. Il a donc fallu rĂ©flĂ©chir Ă  la maniĂšre de le faire, qui serait cette personne et pourquoi On met souvent sur le compte de Richelieu cette parole patibulaire Qu’on me donne six lignes Ă©crites de la main du plus honnĂȘte homme, j’y trouverai de quoi le faire pendre. Si quelqu’un a dit cela pendant ce rĂšgne, c’est Laubardemont certainement, ou bien encore LaffĂ©mas. Richelieu ne descendait pas Ă  ces dĂ©tails de justicier farouche et de bourreau en quĂȘte de supplices. Édouard FournierLe Dico des citations
La parole porte en elle tous les mots qu'elle ne dit pas " (Daniel Leduc) Décidément, mot ou parole ce n'est pas toujours facile de faire la différence ! :-( Si j'ai dit que chaque citation énoncée devait évoquer quelque chose en moi, je dois avouer que je suis assez hermétique à ces deux là, je ne saisis pas vraiment la nuance.
Notre Dame Reine de la Paix Pedro Régis le 20 août 2022 Chers enfants, aimez et défendez la vérité. Vous vous dirigez vers un avenir de doutes et d'incertitudes. Les hommes embrasseront ce qui est faux, et peu resteront fermes dans la foi. Repentez-vous et servez le Seigneur avec joie. Votre récompense viendra du Seigneur. Soyez fidÚles à l'Evangile de mon Jésus et au vrai MagistÚre de Son Eglise. L'humanité boira la coupe amÚre du chagrin parce que les hommes se sont éloignés de la vérité. Je vous demande d'entretenir la flamme de votre foi et d'essayer d'imiter mon Fils Jésus en tout. N'oubliez pas c'est dans cette vie et non dans une autre que vous devez témoigner de votre foi. Consacrez une partie de votre temps à la priÚre. Ce n'est que par le pouvoir de la priÚre que vous pouvez atteindre la victoire. En avant sans crainte ! Je prierai mon Jésus pour vous. C'est le message que je vous donne aujourd'hui au nom de la TrÚs Sainte Trinité. Merci de m'avoir permis de vous réunir ici une fois de plus. Je vous bénis au nom du PÚre, du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Soit en paix. Message de navigation

Parolesde MylĂšne Farmer ; Au bout de la nuit - 1986. Je t'aime mĂ©lancolie, sentiment qui me mĂšne Ă  l'infini. Paroles de MylĂšne Farmer ; Je t'aime mĂ©lancolie - 2006. Aimer n'est pas un jeu d'enfant. Paroles de MylĂšne Farmer ; Ainsi soit Je - 1988. Je t'aime comme tu es, oĂč tu seras, je serais. Paroles d'Amel Bent ; TombĂ© pour elle - 2007.

RĂ©sumĂ© Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s Comprise comme un testament, l’Ɠuvre de Maritain engageait d’abord toute l’interprĂ©tation de son parcours depuis Humanisme intĂ©gral 1936, comme le notait son ami le cardinal Journet. Elle s’efforçait aussi de transmettre Ă  quelque nouveau petit troupeau » l’idĂ©al de la contemplation sur les chemins » et d’un thomisme vivant », l’auteur trouvant des mots assez neufs pour lui redonner des ambitions programmatiques, et des mots assez polĂ©miques pour le distinguer d’autres surgeons moins reluisants de l’arbre scolastique. Moins d’un an aprĂšs la fin du Concile, elle donnait enfin l’occasion d’un premier grand conflit hermĂ©neutique sur le sens du tournant opĂ©rĂ©, et les suites qu’il convenait de lui donner. Maritain’s work, regarded as his will, was first of all an interpretation of his intellectual development since 1936 when he published Humanisme IntĂ©gral, as his friend Cardinal Journet noted it. His work was an effort to pass the ideal of contemplation on the ways of mankind » and of a living thomist philosophy » on to some new small flock ». Maritain found words sufficiently new to give his attempt an ambition with a program and sufficiently polemical to strike a difference with other offshoots, less brilliant ones, on the scholastic tree. Less than a year after Council Vatican IInd, the book finally provided the opportunity of a major hermeneutic dispute on the turn that had occurred and on the continuation that it was appropriate to give de page Texte intĂ©gral 1 Cf. J. Maritain, Le Feu nouveau. Le Paysan de la Garonne, PrĂ©f. et dossier critique de M. Fourcade, ... 1 Jacques Maritain vient de faire un malheur », expliquait Georges Suffert dans L’Express du 30 janvier 1967, deux mois aprĂšs la publication du Paysan de la Garonne et tandis que la controverse suscitĂ©e par l’ouvrage Ă©tait encore loin de s’apaiser ; le mĂȘme dĂ©crivait ensuite l’affolement des sacristies » et les rĂ©actions trĂšs contrastĂ©es suscitĂ©es par l’essai, s’étonnant que le pamphlet de ce vieux monsieur » ait pu pĂ©nĂ©trer si profondĂ©ment l’air du temps À 84 ans, il publie 400 pages dans une maison d’édition presque conïŹdentielle sur un sujet illisible la foi, l’Église, la pensĂ©e, Husserl, Teilhard, la vie contemplative. RĂ©sultat un raz de marĂ©e ». RĂ©cemment composĂ© pour accompagner la réédition du Paysan, un gros dossier critique puisant dans les correspondances et les recensions retrouvĂ©es conïŹrme l’intensitĂ© et l’étendue de la querelle1 Ă©vĂ©nement mĂ©diatique complet, elle eut ses prolongements jusqu’à la radio et la tĂ©lĂ©vision de l’époque, et l’idĂ©e que l’on se fait de Maritain et de son Ɠuvre reste encore parfois trĂšs tributaire de son Ă©cho. 2 Lettre du cardinal Journet Ă  Maritain, 12 janvier 1967. 2Non sans bonnes raisons sans doute proïŹtant de cette traversĂ©e du Concile pour ressaisir toutes ses intuitions, le philosophe n’avait-il pas voulu donner Ă  ce qu’il pensait ĂȘtre son dernier tĂ©moignage » une valeur testamentaire ? Jacques, cette reprise des thĂšmes de votre long combat, que vous faites dans le Paysan, est une merveille », s’enthousiasmait l’abbĂ© Journet Elle change en postconciliaire une Ɠuvre que beaucoup s’empressaient de qualiïŹer de prĂ©conciliaire. C’est le bon Dieu qui permet ces retournements imprĂ©visibles2 ». Trente ans aprĂšs Humanisme intĂ©gral, l’essai ïŹt donc souvent l’effet d’une anamnĂšse, donnant une occasion Ă  ses lecteurs de s’expliquer avec Maritain tout entier. 3Mais non sans dĂ©formations cependant, tant du cĂŽtĂ© des adversaires du Paysan que de celui de ses thurifĂ©raires, chacun tirant de l’ouvrage des aperçus tantĂŽt Ă©dulcorĂ©s, tantĂŽt durcis selon son propre ressenti ; mĂȘme les lecteurs les plus acquis avaient enfermĂ© Maritain dans leur propre bilan de l’Ɠuvre conciliaire, leur Ă©valuation du contexte spirituel et intellectuel, leur conception de l’aggiornamento. Dans leur propre interprĂ©tation du philosophe et de sa pensĂ©e Ă©galement, car si Humanisme intĂ©gral avait jouĂ© un rĂŽle dĂ©cisif dans bien des itinĂ©raires, l’essai avait eu aussi une postĂ©ritĂ© d’étiquette » et, comme le dĂ©plorait le grand commentateur » de Maritain, Henry Bars, beaucoup avaient mis sous celle-ci un contenu de plus en plus Ă©loignĂ© de celui qu’elle avait recouvert Ă  l’origine » 3 Henry Bars, À propos du Paysan de la Garonne », Revue thomiste, 1968 1, p. 89-100. Humanisme intĂ©gral Ă©tait tout entier soutenu par l’idĂ©al historique d’une nouvelle chrĂ©tientĂ© », image dynamique qui projette en avant une nouvelle rĂ©fraction de l’évangĂ©lique dans le temporel
 [
] Maritain entendait Ă©laborer un Ă©quipement intellectuel dont les bases mĂ©taphysiques existaient bien sans doute chez S. Thomas, mais dont l’ajustement Ă  des problĂšmes que S. Thomas ne s’était pas posĂ©s restait Ă  inventer. [
] Le malheur, c’est que nombre de partisans » de l’humanisme intĂ©gral » se prĂ©occupaient apparemment fort peu de cet Ă©quipement-lĂ . Ils se sentaient d’accord avec le nouveau style de relations entre le spirituel et le temporel prĂ©conisĂ© par le philosophe, ou du moins avec certaines orientations nouvelles qu’il favorisait. La philosophie qui prĂ©tendait justifier ces positions pratiques ne les intĂ©ressait guĂšre
 Certains venaient du cĂŽtĂ© de Blondel, mĂȘme s’ils l’avaient peu lu ; d’autres Ă©taient attirĂ©s par les diverses phĂ©nomĂ©nologies, par le marxisme ; enfin viendrait Teilhard. Le journalisme aidant, bien des esprits aussi gĂ©nĂ©reux que peu Ă©clairĂ©s finirent par mĂȘler tout cela en un cocktail dont le triomphalisme de l’aprĂšs-concile nous a permis de goĂ»ter la saveur. [
]Un des thĂšmes centraux d’Humanisme intĂ©gral est assurĂ©ment le relais de l’ancienne conception sacrale » du temporel par une conception» profane » ou sĂ©culiĂšre » du mĂȘme temporel. Par un dĂ©veloppement imprĂ©vu de la doctrine, il apparaĂźt, trente ans aprĂšs, que la sĂ©cularisation » concerne, pour un nombre croissant de nouveaux docteurs, le spirituel lui-mĂȘme, si tant est que ce mot conserve encore un sens dĂ©fini. En sorte que la question est sĂ©rieusement posĂ©e de savoir si la liturgie elle-mĂȘme doit encore demeurer sacrale » ou religieuse ». [
] Peut- ĂȘtre ne pouvait-il en ĂȘtre autrement dĂšs lors que prĂ©valait une interprĂ©tation intĂ©gralement anthropocentrique » de la vie humaine, interprĂ©tation paradoxalement proposĂ©e au nom du commandement Ă©vangĂ©lique de l’amour des hommes. Mais en condamnant l’humanisme classique, non point en tant qu’humanisme certes, mais prĂ©cisĂ©ment en tant qu’anthropocentrique, Maritain avait pris la direction exactement inverse3. 4Le Paysan fut donc l’occasion de quelques rĂ©visions dĂ©chirantes, et semant le trouble dans tous les courants d’opinion, l’essai ïŹt parfois l’objet de lectures contradictoires dans la mĂȘme revue ou la mĂȘme mouvance, les uns feignant de croire Ă  un repentir » de Maritain pour son Ɠuvre passĂ©e, les autres s’étonnant au contraire de ne pas l’y trouver, pour s’en rĂ©jouir ou pour s’en indigner Il y a une sorte de contradiction fondamentale dans ce livre », dĂ©plorait dans TĂ©moignage chrĂ©tien le PĂšre François Biot, se posant en disciple incompris 4 TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966. Les principes mĂȘmes qui devraient logiquement amener Maritain Ă  comprendre profondĂ©ment les orientations d’aujourd’hui, tout en critiquant avec d’autant plus de vigueur les risques de dĂ©viations et les gauchissements possibles, le conduisent de fait Ă  rejoindre les rĂ©serves, voire les refus, de ceux-lĂ  mĂȘmes dont les principes sont radicalement contraires aux siens. Qu’un homme retirĂ© dans son ermitage, parvenu Ă  un Ăąge dĂ©jĂ  avancĂ©, ne puisse plus comprendre le dĂ©veloppement de cela mĂȘme qu’il a contribuĂ© Ă  mettre en route ne doit pas tellement nous Ă©tonner. Pour l’honneur de Maritain lui-mĂȘme et pour l’autoritĂ© qu’il reprĂ©sente dans le catholicisme d’aujourd’hui, il est dommage que ses amis ne l’aient pas dissuadĂ© de publier ce dernier livre. Il n’ajoute rien, bien au contraire, Ă  ce que nous lui devons4. 5 Le Paysan de la Garonne nous Ă©crit », Masses ouvriĂšres, n° 238, mars 1967. 6 Louis Jugnet, Maritain et le NĂ©o-modernisme », La PensĂ©e catholique, n° 107, 1967. 5 Il y a des gens qui prĂ©tendent que j’ai reniĂ© Humanisme intĂ©gral ! C’est une stupiditĂ© et une calomnie », dut prĂ©ciser le philosophe Je tiens plus que jamais Ă  toutes ses positions, c’est de la crise actuellement subie par l’intelligence et par la foi que je m’occupe ici5 ». À l’autre bout du champ, les milieux traditionalistes et tous les nostalgiques d’un vĂ©tĂ©ro-maritainisme antimoderne n’avaient d’ailleurs pas tuĂ© le veau gras, s’accordant certes avec le Paysan dans ses diagnostics les plus alarmistes, jetant le Mistigri du cĂŽtĂ© progressiste – en gros, tout bien pesĂ©, c’est tout de mĂȘme surtout les gens d’en face qui doivent crier touchĂ© !6 » –, mais n’en considĂ©rant l’ensemble du parcours qu’avec plus de regrets 7 Marcel Clement, Maritain », L’Homme nouveau, 3 juin 1973. AprĂšs PrimautĂ© du spirituel 1927, le philosophe de l’ĂȘtre s’est inflĂ©chi en prophĂšte du devenir. Le tĂ©moignage personnel demeure rayonnant. L’unitĂ© des familles d’esprit dans le Christ n’en est pas moins, de son fait, en pĂ©ril. [
] Ceux qui l’ont soutenu politiquement et parfois utilisĂ© ne l’ont pas suivi philosophiquement
 RespectĂ©, comme un sage, Maritain n’a pas marquĂ© les gĂ©nĂ©rations qui auraient dĂ» le suivre
 Ce maĂźtre nous quitte sans laisser de disciples. Sauf les plus Ă©minents, dans leur solitude un Pape, un cardinal, quelques amis indĂ©fectibles
 Une vocation aussi Ă©vidente peut-elle demeurer finalement stĂ©rile ? Le fait est le philosophe qui s’interrogeait Ă  Louvain, le 26 janvier 1920, pour dĂ©terminer les conditions principales de la renaissance de la philosophie thomiste » est mort, un demi-siĂšcle plus tard. Et cette renaissance n’a pas eu lieu7. 6Tous les bons connaisseurs de l’Ɠuvre, lorsqu’ils n’étaient pas aveuglĂ©s par leur propre idĂ©ologie, en Ă©taient cependant tombĂ©s d’accord Le Paysan de la Garonne, c’est du Maritain – voilĂ  tout », protestait dans Esprit RenĂ© Pucheu, contre ceux qui tentaient d’opposer les diffĂ©rents millĂ©simes 8 RenĂ© Pucheu, Affronter Maritain », Esprit, fĂ©vrier 1967. Du Maritain immuable, et on peut le regretter. Du Maritain intĂ©gral, et ce trait est probablement l’une des causes du dĂ©sarroi ; il se prĂ©sente ici en bloc ; il n’y a pas moyen de choisir, c’est le Maritain de Trois RĂ©formateurs – qui me fait grincer les dents, je l’avoue – et celui d’Humanisme intĂ©gral. Ce n’est gĂȘnant et nouveau que pour ceux qui avaient parcouru Maritain en vitesse et l’avaient statufiĂ© dans le bas cĂŽtĂ© de gauche
 [
] Cet homme n’est ni de droite, ni de gauche. S. Thomas musĂšle en lui l’anarchiste. Il faut oser relever les dĂ©fis qu’il lance8. 7Du Maritain impĂ©nitent, prĂ©cisait aussi le franciscain HervĂ© Chaigne, doutant avec raison de certains enthousiasmes et dĂ©nonçant toutes les rĂ©cupĂ©rations » abusives 9 HervĂ© Chaigne, Le Paysan du Styx et de l’Acheron », FrĂšres du monde, n° 43-44, 1967. Loin de se livrer Ă  de solennelles rĂ©tractations, Jacques Maritain cite longuement ses Ɠuvres antĂ©rieures, et j’avoue ne pas voir trĂšs bien pourquoi ceux qui buttent contre Humanisme intĂ©gral ou contre L’Homme et l’État, ces livres sans quoi Pacem in Terris et Gaudium et Spes auraient Ă©tĂ© proprement impensables, se prĂ©cipitent goulĂ»ment sur le Paysan de la Garonne alors que la mĂȘme doctrine s’y rĂ©percute en son intĂ©gritĂ© et en son ĂąpretĂ©9. 8La querelle du Paysan » eut donc ses coups bas, ses manƓuvres et ses malentendus, ses arriĂšre-pensĂ©es force est de constater que le dĂ©bat fut frĂ©quemment biaisĂ©. Il n’est pas sĂ»r nĂ©anmoins que la controverse ait Ă©tĂ© inutile et que l’opinion catholique en soit sortie comme elle y Ă©tait entrĂ©e, tandis que se jouait la premiĂšre rĂ©ception du Concile L’ouvrage a Ă©tĂ© Ă  la fois un test et un Ă©vĂ©nement », poursuivait Henry Bars, notant que Maritain avait su accrocher toutes les problĂ©matiques philosophiques et thĂ©ologiques du moment, et proposant dĂšs novembre 1967 une premiĂšre esquisse de bilan 10 Bars, À propos du Paysan de la Garonne ». Un Ă©vĂ©nement Ă  cause du sujet du livre, Ă  cause de la personnalitĂ© de l’auteur, Ă  cause du dĂ©sarroi des esprits auquel on voit bien maintenant qu’il rĂ©pondait, qu’il a largement contribuĂ© Ă  rĂ©vĂ©ler. Et c’est pour cette derniĂšre raison que l’ouvrage a Ă©tĂ© en mĂȘme temps un test. En s’interrogeant sur le temps prĂ©sent, le vieux laĂŻc dĂ©guisĂ© en paysan du Danube a brusquement fait cristalliser des positions qui demeuraient encore floues et se distinguaient mal l’une de l’autre10. * ** 9L’auteur du Paysan Ă©tait ĂągĂ© on ne se ïŹt pas faute de le lui rappeler. ConsidĂ©rant ce best-seller inattendu comme un signe de bien mauvais augure, les recensions d’un PĂšre Biot, d’un PĂšre Ribes dans Études, ou d’un PĂšre Chaigne dans FrĂšres du monde, n’avaient pas camouïŹ‚Ă© leurs intentions euthanasiques, qui s’étaient efforcĂ©es de renvoyer l’ouvrage Ă  l’obscuritĂ© dont il n’aurait pas dĂ» sortir, et avaient repoussĂ© brutalement son auteur de l’autre cĂŽtĂ© du ïŹ‚euve 11 Chaigne, Le Paysan du Styx et de l’Acheron ». Maritain est enfermĂ© malgrĂ© lui et s’enferme volontairement dans un monde intellectuel, celui d’un thomisme arrĂȘtĂ©, qui est Ă  la fois impermĂ©able aux requĂȘtes de la pensĂ©e contemporaine et incapable d’assurer sa propre survie. [
] Abruptement, il rompt avec des explorations intellectuelles que sa forme de pensĂ©e et son grand Ăąge ne lui permettent pas de poursuivre. Il choisit d’en finir une fois pour toutes avec son temps il ferme son Ɠuvre comme on claque une porte. Paysan de la Garonne ? Non, hĂ©las ! mais du Styx et de l’AchĂ©ron, ces fleuves de la mort qu’il n’est permis Ă  aucun humain de franchir deux fois. Le vieux maĂźtre s’éloigne et s’enfonce dans l’eau noire. Il ne peut plus rien pour nous. Il n’a plus le temps ni la force de dĂ©chiffrer avec nous nos Ă©nigmes11. 12 Voir ici les deux couvertures cĂ©lĂšbres du magazine Time, du 8 avril 1966 Is God Dead ? » et du ... 10L’affaire ici semblait dĂ©ïŹnitivement jugĂ©e la pensĂ©e de Maritain avait certes rendu jadis de grands services et le penseur pouvait ïŹgurer Ă  bon droit dans la galerie des aĂŻeux du Concile, mais tout son Ă©quipement intellectuel Ă©tait dĂ©sormais pĂ©rimĂ© et il n’était que temps pour lui de rejoindre la glorieuse cohorte. AfïŹchant avec l’insistance des vieillards » dans le langage, dans l’Être, dans saint Thomas ou dans le Pape une conïŹance qui ne semblait vraiment plus de mise, ne faisant le dĂ©tour ni par la dĂ©mythologisation, ni par le second degrĂ© hermĂ©neutique, ni par le Dieu dialectique hĂ©gĂ©lien mourant et ressuscitant dans l’air du temps12, critique pour la sociĂ©tĂ© de masse et sa culture », persiïŹ‚eur pour les experts » et tous les nouveaux docteurs, le thomiste Ă©tait rĂ©solument Ă©tranger au nouveau paradigme que venaient notamment d’illustrer les deux autres succĂšs philosophiques de la saison, les Écrits de Lacan et les Mots et Les Choses de Foucault. RetirĂ© depuis trop longtemps des circuits, l’ermite de la Garonne ne pouvait plus ni comprendre ni suivre ce qui se jouait dĂ©sormais ; son pavĂ© dans la mare » ne devait pas avoir plus d’effet qu’une pierre dans l’eau. 13 Henri Fesquet, TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966 ; Jean-Marie PAUPERT, Vieillards de chrĂ©tientĂ© ... 11Les plus acharnĂ©s de cette tendance avaient ïŹnalement substituĂ© Ă  tout effort de comprĂ©hension ou d’argumentation les vĂ©hĂ©mences ou les vulgaritĂ©s de l’invective aux yeux d’un Henri Fesquet, Maritain Ă©tait devenu le philosophe du mĂ©pris » pour les masses et il fallait regretter que cet ancien adepte de l’Action française » ait pu soutenir jadis des positions de gauche avec une mentalitĂ© d’extrĂȘme-droite » ; pour un Jean-Marie Paupert, qui lui consacrait cependant une vingtaine de pages virulentes, ce vieillard grognon et nocif » ne mĂ©ritait pas plus d’attention qu’un Michel de Saint-Pierre qui aurait fait des Ă©tudes13 ». L’inconvĂ©nient, c’est que ce moribond bougeait encore et qu’il n’était pas dĂ©pourvu d’inïŹ‚uence ; rĂȘvant d’impulser dans l’Église une rĂ©volution dĂ©constructive qui l’arracherait Ă  sa sclĂ©rose », le jeune philosophe de Toulouse GĂ©rard Granel expliquait par quelle stratĂ©gie de combat il convenait de s’en dĂ©barrasser 14 GĂ©rard Granel, Propositions concrĂštes pour la lutte » appendice Ă  son Rapport sur la situatio ... Nous nous opposons
 Ă  des hommes moralement et spirituellement estimables, mais qui sont, culturellement et politiquement, des traditionalistes bloquĂ©s, dont on ne peut attendre raisonnablement qu’ils modifient leurs convictions ni la façon dont ils se sont tracĂ© leur devoir. Si les choses Ă©taient simples, on les dĂ©signerait ici comme intĂ©gristes ». Et certes il s’agit d’abord des intĂ©gristes stricto sensu – puisqu’il en reste
 Mais il est essentiel de leur adjoindre peut-ĂȘtre sous l’étiquette de nĂ©o-intĂ©gristes » ? des gens qui furent, dans des temps prĂ©historiques, des esprits avancĂ©s », ce qui leur confĂšre encore aujourd’hui une aurĂ©ole suffisante auprĂšs de beaucoup de cercles et de cĂ©nacles non certes auprĂšs du peuple chrĂ©tien pour modĂ©rer les impatiences c’est ce qu’on dit et briser l’espĂ©rance et l’action c’est ce qui se passe. De ce genre, le cardinal DaniĂ©lou, le cardinal Journet et deux ou trois prĂ©tendus penseurs, qui pour n’appartenir pas Ă  la hiĂ©rarchie de l’Église n’en sont pas moins trĂšs influents auprĂšs d’elle et sont souvent les vĂ©ritables inspirateurs de ses attitudes Jacques Maritain, Jean Guitton, etc. De tels hommes ne sont pas vulnĂ©rables, parce que, quelle que soit leur nocivitĂ© idĂ©ologique, ils restent moralement et religieusement estimables, au moins d’un point de vue qu’il convient de mener contre eux sera donc d’un genre particulier. Elle consistera – outre la critique radicale de leurs Ă©crits, tĂąche pour laquelle il faudra trouver des philosophes remplis d’abnĂ©gation, – dans une tactique de harcĂšlement constant, par laquelle
 on les acculera, le plus publiquement possible, Ă  prendre toujours et partout position, Ă  prĂ©ciser toujours et partout cette position, Ă  en tirer encore et encore les consĂ©quences concrĂštes, etc., jusqu’à ce que, ou bien se dĂ©voilera l’incohĂ©rence profonde de leur attitude, ou bien ils construiront, pour la masquer, une autre cohĂ©rence celle de la rĂ©pression pure et simple, qui les rendra bientĂŽt odieux
 Le Pape lui-mĂȘme pose Ă©videmment un problĂšme particulier, non de fond mais d’opportunitĂ©. Pour le fond il semble manifeste, par ses Ă©crits, ses paroles, ses attitudes, que Paul VI relĂšve de la catĂ©gorie prĂ©cĂ©dente. Il faudra par consĂ©quent, au bout du compte, l’attaquer lui aussi
 [
] La chose peut paraĂźtre cependant inopportune, dans la mesure oĂč l’on risque de s’aliĂ©ner ainsi trop rapidement une grande masse de catholiques qui ont Ă  l’égard du Pape », quoi qu’il fasse, un attachement absolu et irraisonnĂ©14. 12À relire ces textes et l’ensemble des piĂšces de la querelle quarante ans aprĂšs, si la grille de lecture gĂ©nĂ©rationnelle s’impose parmi d’autres, elle donne beaucoup plus de clefs du cĂŽtĂ© de la rĂ©ception de l’ouvrage qu’elle ne permet d’enfermer le propos de l’auteur dans un temps qui serait rĂ©volu. Et la hargne des recensions citĂ©es souligne a contrario qu’en donnant dans son Paysan tous les Ă©lĂ©ments dispersĂ©s d’une critique mĂ©taphysique et spirituelle de l’esprit des annĂ©es soixante », Maritain avait conservĂ© avec son drĂŽle de temps » une large surface de contact et un impact qui n’avait rien de neutre ou de nĂ©gligeable. 13Certes, ce serait bien sĂ»r le doter d’un privilĂšge improbable que de le supposer totalement prĂ©servĂ© des atteintes de la vieillesse, avec ses limitations de perspectives, ses dĂ©calages de problĂ©matiques, ses difïŹcultĂ©s Ă  se maintenir dans l’état de rĂ©ceptivitĂ© nĂ©cessaire. RetirĂ© du monde et de la plupart de ses affaires, mais restĂ© maĂźtre dans l’art de poser des banderilles, le ïŹlleul de LĂ©on Bloy n’échappait sans doute pas entiĂšrement Ă  la subjectivitĂ© de l’ñge ni Ă  la distanciation de l’ermitage. Les approbations qu’il reçut de quelques vieux laĂŻcs » de sa gĂ©nĂ©ration permettent d’ailleurs de mieux mesurer tout ce qu’il convient de relativiser, et la part de crĂ©puscule entrant dans quelques- uns de ses jugements. Certes encore, le Paysan de la Garonne avait un pied au moins dans le passĂ©, mais comme le notait l’un de ceux qui l’avaient poussĂ© Ă  sortir de sa retraite, ce n’était pas le passĂ© de n’importe qui, et de le confronter au moment conciliaire avait dĂ©jĂ , en soi, une forte portĂ©e hermĂ©neutique 15 Louis Salleron, Qu’en pense Maritain ? », La Nation française, 29 juillet 1965. Souvent je me pose la question qu’en pense Maritain ? – [
] Je me le demande surtout parce qu’il est certainement le personnage qui, depuis cinquante ans, a eu le plus d’influence sur le catholicisme français, et peut-ĂȘtre sur le catholicisme universel. Il est un peu le pĂšre de tous les croyants d’aujourd’hui. ReconnaĂźt-il ses enfants ? [
] Il ne peut pas ne pas penser beaucoup de choses assez prĂ©cises sur tout ce qui se passe prĂ©sentement dans le catholicisme. Qu’il nous dise donc ce qu’il pense. Ce peut ĂȘtre Je n’ai pas voulu cela ». Ce peut ĂȘtre J’ai exactement voulu cela ». Ce peut ĂȘtre Je n’y suis pour rien. Voici d’ailleurs ce que je trouve bon et ce que je trouve mauvais ». Ce peut ĂȘtre n’importe quoi, mais qui, de toute façon, serait plein d’intĂ©rĂȘt. Quand on s’est, pendant plus d’un demi-siĂšcle, mĂȘlĂ© Ă  toutes les batailles d’idĂ©es qui ont agitĂ© le catholicisme, on ne se retire pas sous sa tente au moment oĂč la derniĂšre bataille va dĂ©cider de tout15. 16 Cf. Ph. Chenaux, Paul VI et Maritain. Les rapports du montinianisme et du maritanisme, Brescia, Ist ... 17 Cf. Paul VI, Discours de clĂŽture du 7 dĂ©cembre 1965 », Documentation catholique, n° 1462, 2 janvi ... 14Par-delĂ  son efïŹcience certaine dans tous les soubassements archĂ©ologiques, la pensĂ©e de Maritain avait aussi entretenu avec le travail du Concile lui-mĂȘme un lien restĂ© trĂšs vif suspecte et contestĂ©e par une partie de l’épiscopat et de la curie Ă  l’orĂ©e de Vatican II encore, elle avait Ă©tĂ© assez mĂȘlĂ©e aux dĂ©bats de l’aula, lors de la quatriĂšme session notamment oĂč s’étaient opĂ©rĂ©s – sur les rapports de l’Église et du monde, la libertĂ© religieuse ou le dialogue avec les autres religions – les dĂ©blocages dĂ©cisifs, pour que les mots chuchotĂ©s par Paul VI au philosophe en lui remettant le message du Concile aux hommes de pensĂ©e » lors de la cĂ©rĂ©monie de clĂŽture aient eu valeur de rĂ©habilitation L’Église vous est reconnaissante du travail de toute votre vie
 Le temps oĂč on vous accusait de naturalisme intĂ©gral est dĂ©sormais bien ïŹni16 ». Surtout, en faisant allusion Ă  l’ hominem integrum », c’est une imprĂ©gnation maritainienne que le Pape avait donnĂ©e Ă  son grand discours ïŹnal du 7 dĂ©cembre 1965, indiquant par lĂ  son propre horizon hermĂ©neutique, s’agissant notamment des deux textes longtemps controversĂ©s, Gaudium et Spes et Dignitatis Humanae, sur lesquels l’entreprise s’achevait17. 15Et, quant au para-concile », mĂȘme dans ses diagnostics les plus cruels, le Paysan Ă©vitait la plupart des amalgames des vieillards et tout ce qui pouvait ressembler Ă  un aprĂšs moi, le dĂ©luge », hiĂ©rarchisant ses agacements, situant prĂ©cisĂ©ment ses griefs, restant en sympathie avec une bonne part de ce qui surgissait et y discernant de quoi nourrir sufïŹsamment une espĂ©rance Quant au spectacle que nous avons sous les yeux, je n’ai pas besoin de vous dire combien je me sens d’accord avec le jugement que vous portez sur lui
 », conïŹait-il certes Ă  Étienne Gilson qui donnait au mĂȘme moment ses Tribulations de Sophie, mais c’était pour lui faire entendre un regret, que je vous aime trop pour ne pas vous avouer » 18 Maritain Ă  Gilson, 15 novembre 1967. C’est que vous ayez apparemment mis dans le mĂȘme sac » des questions aussi absolument essentielles que celles qui touchent Ă  la VĂ©ritĂ©, Ă  la foi, Ă  la thĂ©ologie, Ă  la philosophie, et d’autres questions quand mĂȘme subordonnĂ©es comme celle du cĂ©libat des prĂȘtres
 et aussi comme la question des messes en langue vulgaire
 [
] Est-ce que je suis devenu singuliĂšrement libĂ©ral » en vous disant cela, moi qui ai tant souffert avec la traduction française du Canon ? Non, il s’agit seulement pour moi d’une certaine hiĂ©rarchie dans les problĂšmes. L’affreuse crise oĂč nous sommes tĂ©moigne du fait que les hommes ne peuvent liquider des maux sournois qui ont cheminĂ© trop longtemps qu’en passant par des folies pires. Il reste que quand le diable travaille si vigoureusement, c’est que le Saint-Esprit prĂ©pare des renouvellements imprĂ©visibles qui arriveront sans doute plus vite que nous ne pensons18. 16Guettant tous ces renouvellements en clignant des yeux, et cherchant Ă  les saisir dans leurs premiers bruissements et balbutiements, le Paysan n’avait pas confondu enïŹn le moment Vatican II et la ïŹn de l’Histoire sainte, et son livre, parfois comme un galop de cĂŽtĂ©, entendait aussi tĂ©moigner en faveur de quelques vĂ©ritĂ©s futures ou complĂ©mentaires De tout ce que le concile a dĂ©crĂ©tĂ© et accompli je rends grĂąces. D’autres choses encore j’aurais sans doute aimĂ© rendre grĂąces, s’il les avait faites aussi ». Moins d’un an aprĂšs la ïŹn de Vatican II, et tandis que sa digestion semblait hĂ©siter entre la sclĂ©rose et la fuite en avant, dĂ©gageant son legs doctrinal du contexte idĂ©ologique de sa premiĂšre rĂ©ception, le Paysan de la Garonne avait donc tout pour susciter un premier grand conïŹ‚it hermĂ©neutique sur le sens du tournant opĂ©rĂ© et les suites qu’il convenait de lui donner, la querelle rĂ©vĂ©lant Ă©galement les diverses maniĂšres dont on pouvait habiter ou ne pas habiter le Concile, dont on pouvait l’interprĂ©ter, le gauchir ou l’instrumentaliser. * ** 17 Qui a fait la thĂ©ologie du concile ? », demandera le PĂšre Congar au Paysan, non sans quelque amertume, le dominicain tout juste sorti du travail d’enfantement restant encore trĂšs attachĂ© Ă  la paternitĂ© de ses doctrines et regrettant que Maritain n’ait pas traitĂ© de son effort et de celui de ses amis avec plus de gratitude explicite ou de cĂ©rĂ©monie 19 Yves Congar, Une certaine peine », Le Monde, 28 dĂ©cembre 1966 et lettre du mĂȘme Ă  Maritain, 27 no ... Il exalte l’Ɠuvre thĂ©ologique du concile ; sur plusieurs points nĂ©vralgiques, il lui apporte le tĂ©moignage non seulement de son adhĂ©sion, mais de son admiration. Or cette thĂ©ologie n’est pas une gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e. Qui a ƓuvrĂ© pour elle ? Ne sont-ce pas ces thĂ©ologiens dont le livre, par son silence, ferait croire qu’ils n’existent pas ou qu’ils pactisent avec l’erreur ? [
] OĂč apparaĂźt, dans ce livre, le renouveau pastoral, oĂč apparaissent les Ɠuvres dogmatiques d’un Rahner ou d’un Schillebeeckx ? OĂč apparaĂźt l’immense effort biblique des derniĂšres dĂ©cennies ? Ne serait-ce pas de la thĂ©ologie ?19 18 Qui a fait sa philosophie ? » aurait pu lui rĂ©torquer Maritain avec la mĂȘme emphase, puisqu’il n’était pas dĂ©pourvu de tout droit personnel dans ce dĂ©bat gĂ©nĂ©alogique ou gĂ©nĂ©tique, et que, reconnaissant nombre de connexions souterraines et parfois explicites entre les principales avancĂ©es de son Ɠuvre et les renouvellements d’incalculable portĂ©e » que venait d’opĂ©rer l’Église, il avait consacrĂ© les premiĂšres pages de son livre Ă  des actions de grĂąces qui ressemblaient Ă  des Nunc dimittis. Pour avoir Ă©tĂ© en effet Ă  presque tous les carrefours de son temps et Ă  bien des points de dĂ©part, et pour avoir thĂ©orisĂ© le premier la ïŹn du Saint-Empire » et de la chrĂ©tientĂ© sacrale » ou la sortie hors du systĂšme tridentin », le philosophe Ă©tait naturellement fondĂ© Ă  expliquer dans quelles continuitĂ©s Vatican II s’inscrivait Ă  ses yeux, dans quelles ïŹdĂ©litĂ©s aussi il espĂ©rait qu’il serait prolongĂ©. 19La premiĂšre de ces ïŹdĂ©litĂ©s Ă©tait Ă©videmment thomiste en deçà en effet de tous les renouveaux » biblique, patristique, liturgique, pastoral ou ƓcumĂ©nique auquel le Concile avait puisĂ© et que l’on met avec raison en sĂ©rie, il y avait d’abord eu le renouveau thomiste, sur lequel tous les autres s’étaient sinon toujours appuyĂ©s, en tout cas Ă  partir duquel ils s’étaient dĂ©ïŹnis. Comblant ïŹnalement les vƓux de LĂ©on XIII et refaisant de saint Thomas l’apĂŽtre des temps modernes », la renaissance thomiste », loin d’avoir Ă©tĂ© un Ă©chec, pouvait revendiquer Vatican II parmi ses fruits, dans tout ce qui touchait en tout cas Ă  la rencontre de l’Église du monde. Et si entre le Syllabus et Pacem in Terris ou Dignitatis humanĂŠ, il n’y avait apparemment que rupture, n’était-ce pas cependant grĂące aux dialectiques du thomisme vivant » que l’on pouvait rĂ©tablir, entre Pie IX et Jean XXIII, LĂ©on XIII et Paul VI, un principe d’homogĂ©nĂ©itĂ© doctrinale ? 20 Cf. M. Fourcade, Un Seigneur, des histoires. La RoyautĂ© du Christ Ă  l’heure de Vatican II », Comm ... 20C’est donc surtout sur le terrain de Gaudium et Spes que le Paysan de la Garonne venait dĂ©ployer ses analyses, et tandis qu’une critique prĂ©coce, montĂ©e des rangs augustiniens, regrettait l’optimisme » du texte, considĂ©rĂ© comme une tĂąche de temps », une concession un peu dĂ©magogique Ă  l’esprit des annĂ©es soixante, Maritain lui accordait un brevet de thomisme » remarquĂ©. Nous avons essayĂ© de dire ailleurs par quel chemin intĂ©graliste » on avait pu passer de l’encyclique Quas Primas par laquelle Pie XI avait instituĂ© la fĂȘte du Christ-Roi » en 1925 Ă  l’ humanisme conciliaire » dont tĂ©moignait notamment la constitution conciliaire, et d’expliquer aussi pourquoi c’est Ă  cause de la royautĂ© universelle du Christ que Paul VI avait pu se prĂ©senter en 1965 aux Nations Unies comme expert en humanitĂ© »20 avant d’ĂȘtre celui de l’Église, ce trajet doctrinal avait d’abord Ă©tĂ© celui de Maritain lui-mĂȘme, qui avait toujours imprimĂ© Ă  son thomisme des allures d’élan bergsonien et d’évolution crĂ©atrice, d’Antimoderne Ă  L’Homme et l’État, en passant par PrimautĂ© du spirituel et par Humanisme intĂ©gral, non sans laisser de sa peau Ă  toutes les Ă©pines des buissons par oĂč il a fallu passer ». 21On retrouvait tout ce trajet dans le chapitre du Paysan consacrĂ© au monde » et Ă  ses aspects contrastants », qui fut sans doute le morceau qui ïŹt grincer le plus de dents ; Maritain y applaudissait en effet Ă  la ïŹn d’une longue Ă©quivoque – le mĂ©pris quasi-manichĂ©en du monde, professĂ© dans le ghetto chrĂ©tien dont on est en train de s’évader » – et dĂ©duisait aussi des orientations du Concile ce qui n’était sans doute encore qu’un mythe mobilisateur VoilĂ  accompli le grand renversement en vertu duquel ce ne sont plus les choses humaines qui prennent charge de dĂ©fendre les choses divines, mais les choses divines qui s’offrent Ă  dĂ©fendre les choses humaines ». Je crois que le seul document du MagistĂšre en matiĂšre sociale auquel Maritain fasse vĂ©ritablement rĂ©fĂ©rence de tout son cƓur est la Constitution Gaudium et Spes », dĂ©plorait Jean Madiran, chef de ïŹle de l’antimaritainisme intĂ©griste », refusant pour sa part de reconnaĂźtre une quelconque continuitĂ©, concordance, voire Ă©quivalence, entre la philosophie politique de Maritain et la doctrine sociale de l’Église » et rejetant tout ce que le philosophe thomiste avait pu apporter de dĂ©cisif en la matiĂšre Maritain n’ignore certes pas ce que le MagistĂšre a enseignĂ© il prend expressĂ©ment acte de cet enseignement chaque fois qu’il lui paraĂźt que l’Église reconnaĂźt dĂ©sormais », ou proclame maintenant » telle idĂ©e qui lui est chĂšre. Mais quand l’enseignement social de l’Église fait autre chose que proclamer dĂ©sormais » ou reconnaĂźtre maintenant » une idĂ©e chĂšre Ă  Maritain, – Maritain n’en parle ordinairement point
 [
] La Constitution Gaudium et Spes va-t-elle ĂȘtre reçue et interprĂ©tĂ©e dans le contexte de la doctrine sociale de l’Église ? Ou dans le contexte de la pensĂ©e sociale de Maritain ? Il n’est pas prouvĂ© que ce soit le mĂȘme contexte. 21 Jean Madiran, Le Paysan et le Ruminant », ItinĂ©raires, n° 112, avril 1967. 22Incapable cependant de fournir pour sa part un autre contexte d’interprĂ©tation plus assurĂ©, et bien dĂ©cidĂ© Ă  ne pas bouger du Syllabus, Madiran se refusait du coup Ă  voir dans la constitution conciliaire autre chose qu’un document pastoral » d’occasion, sans portĂ©e doctrinale21. 22 Cf. Yves Congar, OĂč va-t-on ? Une analyse critique des tendances actuelles », Informations Cathol ... 23Mais le Paysan s’était surtout inquiĂ©tĂ© du prolongement de l’équivoque sous sa forme inversĂ©e si le Concile avait enïŹn repositionnĂ© l’Église autrement qu’en concurrence avec le monde, un certain nombre de ses membres n’allaient-ils pas l’imaginer soudain dans un rapport de coĂŻncidence ? Rejoint bientĂŽt ici par le PĂšre Congar diagnostiquant un danger d’horizontalisme », revu et corrigĂ© par le PĂšre de Lubac, protestant contre le Paysan au nom du vrai Teilhard » qu’il jugeait malmenĂ©, mais lui empruntant ses mises en garde contre une apostasie immanente » et accordant au thĂšme encore plus d’intensitĂ© dramatique22, Maritain s’en prenait aux tendances conduisant selon lui Ă  une complĂšte temporalisation du christianisme » et Ă  un agenouillement devant le monde », soit que l’on cherche Ă  sĂ©culariser l’Église elle-mĂȘme, sa liturgie et le sens de ses sacrements, soit que l’on confonde au contraire le monde, que l’on dĂ©signe par cette notion la sociĂ©tĂ©, l’histoire ou l’univers, avec le corps mystique » et le Royaume. 24Cette rĂ©sorption s’opĂ©rait notamment du cĂŽtĂ© de la thĂ©ologie politique, la CitĂ© de CĂ©sar, dĂ©mocratique ou socialiste, reprenant chez certains des allures de CitĂ© de Dieu. Elle s’opĂ©rait aussi au niveau plus abstrait de l’histoire, la tentative de badigeonner d’Évangile l’un ou l’autre de ses sens sĂ©culiers, y compris l’histoire Ă©volutive de l’espĂšce, pour la transformer telle quelle en histoire du salut, se trouvant favorisĂ©e par dix ans de teilhardisme posthume intensif, l’Ɠuvre du jĂ©suite Ă©tant publiĂ©e dans le dĂ©sordre et sans qu’il puisse rectiïŹer les lectures abusives de son Christ cosmique », et par tout un contexte philosophique Ă©galement, pĂ©nĂ©trĂ© de monisme hĂ©gĂ©lien ou marxiste. Par excĂšs d’essentialisme, par refus abrupt de tout ce qui peut rappeler une dĂ©marche dialectique de la pensĂ©e, Maritain ne peut comprendre que les nĂ©gations et les critiques opposĂ©es Ă  certains Ă©lĂ©ments sclĂ©rosĂ©s de la tradition ne sont que des moments de la recherche, des pistes ouvertes, des hypothĂšses qui peuvent se rĂ©vĂ©ler fĂ©condes », regrettait un de ces hĂ©gĂ©liens, certain d’avoir pour lui l’éthos moderne » 23 Chaigne, Le Paysan du Styx et de l’Acheron ». Mais, si l’on veut aller au fond des choses, le procĂšs qu’instruit Maritain est celui qui oppose deux façons diffĂ©rentes de concevoir les rapports d’analogie existant entre le divin et l’humain. Tenant ferme la distinction entre ces deux plans, il ne tente Ă  aucun moment de les faire entrer en dialectique
 Si l’intelligence humaine peut jouer mĂȘmement sur les deux plans, Ă  partir, ici de la rĂ©vĂ©lation, lĂ  de l’expĂ©rience et de l’abstraction, en un mot si la rĂ©vĂ©lation est intelligible, d’une intelligibilitĂ© analogue Ă  celle du rĂ©el scientifique et philosophique, il n’est pas besoin de chercher ailleurs la solution des rapports du divin et de l’humain il suffit de faire fonctionner l’intelligence Ă  ces deux niveaux, sans tenter de les harmoniser au sein d’un systĂšme vĂ©ritablement englobant, et c’est uniquement dans l’intelligence en action que s’accomplira l’harmonie. [
] Cette conception de l’analogie, trĂšs classique en son thomisme strict, ne manque pas de cohĂ©rence formelle, et il faut reconnaĂźtre qu’elle laisse le champ libre Ă  la recherche
 C’est ainsi que le fixisme doctrinal de M. Maritain ne l’empĂȘche nullement d’aller loin et fort du cĂŽtĂ© de la pratique concrĂšte. Cependant il est banal de constater qu’elle ne correspond absolument plus Ă  la mentalitĂ© intellectuelle de notre temps qui est marquĂ©e en profondeur par une double dĂ©couverte l’histoire comme dimension gĂ©nĂ©rale de la pensĂ©e et de l’action, et l’approche dialectique de la vĂ©ritĂ©. Qu’à la limite, le danger de cette nouvelle forme contemporaine du penser et de l’agir soit de dĂ©boucher sur un monisme qui abolirait, en apparence du moins, la distinction des plans, ne doit pas faire perdre de vue que le but recherchĂ© est tout autre23. 25Le PĂšre Marie-Dominique Chenu se faisait peut-ĂȘtre de l’histoire une conception un peu moins hĂ©gĂ©lienne il n’en jugeait pas moins lui aussi qu’elle devait dĂ©sormais se substituer Ă  la mĂ©taphysique comme point de dĂ©part de la thĂ©ologie. Je confesse n’avoir pas poursuivi la lecture du Paysan de la Garonne au-delĂ  du premier tiers, lorsqu’il m’est passĂ© entre les mains. Grande peine, voire irritation », conïŹait- il au PĂšre Congar 24 Lettre du P. Chenu au P. Congar, dĂ©cembre 1966 Archives de la province de France, papiers Congar. Car moi aussi, j’ai grande estime pour Maritain, Humanisme intĂ©gral, etc. Mais jamais il n’a donnĂ© sa consistance – Ă©pistĂ©mologique, Ă©vangĂ©lique, spirituelle – Ă  la thĂ©ologie, entre une mĂ©taphysique sacrĂ©e ? et les dons du Saint-Esprit. D’oĂč son insensibilitĂ©, non pas seulement Ă  l’histoire, mais Ă  l’économie, Ă  l’histoire du salut. LĂ -dessus Maritain n’a rien vu du concile, dont la rĂ©action contre la scolastique » a dĂ» l’irriter. Et une bonne part de ce qui l’irrite aujourd’hui n’est que la suite de cette position conciliaire24. 26Pour avoir fait partir sa rĂ©ïŹ‚exion de la distinction d’essence entre l’Église et le monde, et non des entremĂȘlements de l’histoire du salut » ou d’une sociologie des signes des temps », Maritain plaçait l’Église face au monde dans un double rapport d’immanence et de transcendance. Ce faisant, et Ă©galement par sa primautĂ© du spirituel » contre le politique d’abord », ou par sa fameuse distinction entre l’action en chrĂ©tien » et l’action en tant que chrĂ©tien », il maintenait un dualisme » que Chenu jugeait dĂ©sormais malencontreux La formule PrimautĂ© du spirituel circule encore ; elle n’est pas sans me gĂȘner un peu, dans la mesure oĂč elle paraĂźt impliquer que le spirituel soit dĂ©gagĂ© du temporel
 », expliquera bientĂŽt le dominicain Ă  Jacques Duquesne 25 Marie-Dominique Chenu, Jacques Duquesne, Un thĂ©ologien en libertĂ©, Paris, Le Centurion, 1975, p. 76 ... L’intervention de Maritain a Ă©tĂ© pour une part libĂ©ratrice ; mais elle n’avait pas rĂ©sorbĂ© le dualisme entre une thĂ©orie Ă©vangĂ©lique et spirituelle, et une pratique temporelle. Aujourd’hui, les mouvements dits d’Action catholique et divers groupements chrĂ©tiens, en France surtout, le tentent Ă  leur maniĂšre ; ainsi, Ă  l’intĂ©rieur du mouvement ouvrier organisĂ© dans leur pays, les chrĂ©tiens Ă©prouvent, en tant que chrĂ©tiens, le besoin de se solidariser avec leurs compagnons et de s’insĂ©rer ainsi Ă  l’intĂ©rieur des organisations autochtones. [
] C’est lĂ , je pense, une dĂ©marche, de plus en plus commune, dans laquelle le politique » est en vĂ©ritĂ© le lieu du spirituel, et non seulement un terrain d’application. [
] Autrement dit, je ne me rĂ©fĂšre pas Ă  ma foi pour essayer de voir clair en politique, c’est mon engagement politique qui me provoque Ă  me rĂ©fĂ©rer Ă  l’Évangile. Vous voyez le changement de perspective. Il tire toute la consĂ©quence du fait que l’Église n’est pas situĂ©e hors du monde, en un lieu d’oĂč elle enverrait ses hommes et ses idĂ©es vers le monde. Comme je me plais Ă  le redire, et comme le concile l’a dit, elle est dans le monde. Elle n’a son existence que dans le monde. À la limite, il faudrait dire que l’Église, c’est le monde lui-mĂȘme en tant qu’il porte en lui une capacitĂ© Ă  entendre la Parole de Dieu25. 27 Pourquoi le paysan de la Garonne et l’auteur de Vraie et fausse RĂ©forme dans l’Église laissaient-ils leurs intuitions ecclĂ©siologiques en chemin ? », s’interrogeait dans le mĂȘme sens le PĂšre Cardonnel, mais en englobant cette fois Congar dans sa critique 26 Jean Cardonnel, La grande peur de n’ĂȘtre que des frĂšres », FrĂšres du monde, n° 46-47, 1967. Nous devons Ă  des thĂ©ologiens comme le PĂšre Congar de nous avoir dĂ©livrĂ©s d’une ecclĂ©siologie aberrante, d’une conception paĂŻenne, romaine, hiĂ©rarchique de l’Église. Je n’oublierai jamais mon Ă©blouissement Ă  la lecture de Vraie et fausse rĂ©forme, la dĂ©nonciation magistrale d’une ecclĂ©siologie qui ne s’était, de fait, construite qu’en forme de hiĂ©rarchĂ©ologie. Le P. Congar a vu que le dernier mot de l’Église n’était point le pouvoir, l’autoritĂ©, mais le ministĂšre, le service. [
] En mĂȘme temps, Jacques Maritain brisait avec une conception clĂ©ricale, confessionnelle, timorĂ©e de la communautĂ© humaine Ă  Ă©vangĂ©liser. Dans son admirable dialectique immanente du premier acte libre », il soulignait que la connaissance volitionnelle du Bien non nommĂ© pouvait ĂȘtre effectivement l’adhĂ©sion Ă  l’Amour rĂ©vĂ©lĂ©. Le P. Congar et Maritain rejoignaient les grandes vues du P. Chenu sur la Bonne Nouvelle, ferment de l’unitĂ© des masses humaines de tous les temps. Tout ce labeur se voyait couronnĂ© Ă  Vatican II par l’Église se dĂ©finissant, non plus comme une sociĂ©tĂ©, mais comme un Peuple. Le sociĂ©taire, le hiĂ©rarchique reculaient sous la poussĂ©e populaire de l’Esprit Saint26. 27 Voir notamment Dr Paul Chauchard, TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966. 28HĂ©las, poursuivait Cardonnel, refusant pour sa part d’accepter qu’il puisse exister un en-soi » de l’Église qui prĂ©existerait Ă  son rapport au monde, tant Maritain que Congar persistaient Ă  absolutiser l’Église dans sa dogmatique et son institution », et Gaudium et Spes souffrait du mĂȘme vice » qu’il fallait dĂ©passer. Dans les rangs teilhardiens, on reprocha aussi au Paysan d’ignorer la portĂ©e apologĂ©tique de la foi au monde » ou de la mystique de la matiĂšre » et de se mettre en opposition avec la construction de la noosphĂšre27 ». 28 Cf. Christian Duquoc, La mort de Dieu. Signification d’une thĂ©ologie », La Table Ronde, n° 239, d ... 29Ce que montraient toutes ces critiques, c’était notamment l’anti- intellectualisme profond d’une aile de l’Église qui ne se voulait plus que marchante », considĂ©rant toute distinction d’essence comme une barriĂšre ou une amputation et refusant toute position de surplomb, ecclĂ©siologique ou mĂ©taphysique coupĂ©e de toute thĂ©orie, la praxis, pastorale notamment, ne devait plus trouver son principe que dans la rĂ©alitĂ© vĂ©cue de l’agir chrĂ©tien » et le courant torrentueux de la vie ». Pour les thĂ©ologies de la mort de Dieu » Ă  la mode en cette annĂ©e 1966, JĂ©sus lui-mĂȘme n’était qu’un homme-pour-les-autres » et toute interrogation sur son statut ontologique Ă©tait vide de sens » Dieu est privĂ© de signiïŹcation s’il n’est une praxis. La disparition du Dieu mĂ©taphysique du champ de la conscience est une chance pour manifester le sens vrai du christianisme28 ». * ** 29 Cf. M. Fourcade, L’Anti-Thomisme Ă  l’heure du concile et du paraconcile », dans L’Anti-Thomisme. ... Des rangs thomistes eux-mĂȘmes montait donc l’intention d’en ïŹnir avec la mĂ©taphysique, vulgate du moment favorisĂ©e non seulement par le structuralisme ou l’explosion des sciences humaines », mais aussi par le dĂ©sir d’enterrer dĂ©ïŹnitivement l’Évangile selon sainte scolastique » et de tourner la page d’un nĂ©o-thomisme » passĂ© soudain au grill des maĂźtres du soupçon », accusĂ© de n’exercer qu’une fonction idĂ©ologique de lĂ©gitimation du systĂšme ecclĂ©sial et d’autant plus rĂ©cusĂ© que dĂ©sormais presque entiĂšrement confondu avec les docteurs romains », la minoritĂ© conciliaire et la production magistĂ©rielle de l’époque pacellienne29. Sans s’en rendre immĂ©diatement compte, c’est aussi la thĂ©ologie qui se faisait ainsi hara-kiri. Tandis que les sciences humaines dĂ©rĂ©gulĂ©es afïŹchaient toutes des ambitions substitutives hĂ©gĂ©moniques, l’on pourrait multiplier ici les citations, empruntĂ©es aux dix annĂ©es qui suivirent la querelle du Paysan, attestant d’un profond dĂ©sarroi Ă©pistĂ©mologique, de la crainte d’une dĂ©cadence irrĂ©mĂ©diable » ou de la quĂȘte aussi dĂ©sespĂ©rĂ©e que dĂ©sordonnĂ©e d’une philosophie de rechange ». L’ancien temple de la thĂ©ologie ressemble Ă  un palais en ruines », notait ainsi Claude GeffrĂ© 30 Claude GeffrĂ©, Une thĂ©ologie marginalisĂ©e », Autrement, n° 2, 1975. Notre situation est profondĂ©ment diffĂ©rente de la situation culturelle et ecclĂ©siale dans laquelle ont travaillĂ© les hommes qui ont fait le renom de la thĂ©ologie française Ă  la veille du concile et qui en ont Ă©tĂ© d’ailleurs les meilleurs artisans. Les fondements philosophiques de leur thĂ©ologie n’avaient pas Ă©tĂ© Ă©branlĂ©s et ils ne soupçonnaient pas jusqu’oĂč pouvait aller la critique du langage religieux par les sciences humaines. [
] La thĂ©ologie connaĂźt une crise des fondements comparable Ă  celle de la philosophie. Qui peut prĂ©tendre, comme au beau temps de la philosophie chrĂ©tienne, qu’il est possible aujourd’hui de construire une thĂ©ologie systĂ©matique de l’ensemble des vĂ©ritĂ©s chrĂ©tiennes ? Beaucoup renoncent Ă  une construction systĂ©matique du savoir thĂ©ologique parce que la mĂ©diation mĂ©taphysique de jadis est devenue incertaine. L’ancienne synthĂšse thĂ©ologique fondĂ©e peu ou prou sur Thomas d’Aquin s’est effondrĂ©e et elle n’a Ă©tĂ© remplacĂ©e par rien. Il y a bien sĂ»r des essais trĂšs intĂ©ressants Ă  partir des ressources nouvelles de la philosophie moderne. Mais leur discours est souvent Ă©pistĂ©mologiquement impur dans la mesure oĂč il juxtapose des concepts traditionnels et des concepts philosophiques nouveaux, coupĂ©s de leur contexte originaire. La timiditĂ© spĂ©culative de la thĂ©ologie se manifeste en ce qu’elle se rĂ©duit souvent Ă  n’ĂȘtre plus qu’une histoire des diverses synthĂšses thĂ©ologiques Ă  travers les siĂšcles. On constate aussi que la thĂ©ologie se trouve de plus en plus marginalisĂ©e dans la culture contemporaine dans la mesure oĂč la fonction traditionnellement assumĂ©e par la thĂ©ologie relĂšve de plus en plus des diverses sciences humaines de la religion qui connaissent un succĂšs sans prĂ©cĂ©dent. Et d’ailleurs, mĂȘme Ă  l’intĂ©rieur de l’Église, le rĂŽle traditionnel de la thĂ©ologie dite dogmatique est souvent contestĂ©, soit par une exĂ©gĂšse scientifique de plus en plus sĂ»re d’elle-mĂȘme, soit par les diverses sciences pratiques de l’agir chrĂ©tien30. 31 L’Ami du ClergĂ©, 13 avril 1967 ; voir Fourcade, La querelle du Paysan un tour d’horizon critiqu ... 30Dans ce contexte, le plaidoyer de Maritain en faveur du thomisme vivant » fut bien sĂ»r reçu comme une provocation, et ne pouvait s’adresser qu’à de petites Ă©quipes » La pensĂ©e chrĂ©tienne, notait encore Suffert, cette fantastique Ă©ponge qui absorbe rĂ©guliĂšrement, avec toujours quelque retard, les dĂ©couvertes intellectuelles et scientiïŹques, voilĂ  qu’on lui rappelle, brutalement, qu’elle ne peut rĂ©ussir une telle digestion qu’au prix d’une impitoyable rigueur thĂ©orique ». Aux yeux de ceux cependant qui entendaient convertir la sociĂ©tĂ© de masse », le mĂ©taphysicien Ă©tait coupable du nouveau pĂ©chĂ© capital d’élitisme » et L’Ami du ClergĂ© formulait en deux lignes l’équation thomiste prĂ©sumĂ©e insoluble Ce qui paraĂźt nĂ©cessaire Ă  Maritain, ce serait un renouveau du thomisme. Mais il voit bien que celui-ci n’offre rien qui puisse plaire aux masses. Il se rĂ©signe donc Ă  n’atteindre, pour la philosophie comme pour la contemplation, qu’il estime si vitale, que des minoritĂ©s. Il ne parle que pour de petits troupeaux31 ». Et pour ceux qui diagnostiquaient un vertige collectif », doutant qu’il puisse y avoir d’autre remĂšde que de prier, de pleurer, d’attendre ou de se rĂ©signer, le Paysan Ă©tait coupable aussi, mais d’optimisme, qui incriminait surtout des fautes de mystique », de pastorale ou d’apologĂ©tique et conseillait de ne pas trop prendre la bĂȘtise au sĂ©rieux » 32 Gonzague Truc, Les Écrits de Paris, mars 1967. Jadis ce beau livre eĂ»t Ă©tĂ© une de ces apologies ou dĂ©fenses » qui dĂ©fendaient les causes difficiles, et il y eĂ»t tenu un premier rang. Aujourd’hui, et dans l’état de dĂ©composition morale et mentale oĂč est tombĂ© le monde, il est malaisĂ© de croire qu’il puisse trouver encore quelque utilitĂ©32. 31ThĂ©orisant cependant, pour transmettre un relais, la maniĂšre dont il avait pour sa part toujours thomistisĂ© », Maritain avait su trouver des mots assez polĂ©miques pour distinguer le thomisme vivant » d’autres surgeons moins reluisants de l’arbre scolastique, et des mots assez neufs aussi pour lui redonner les plus vastes ambitions programmatiques 33 J. Maritain, Le Paysan de la Garonne, dans ƒuvres ComplĂštes, Fribourg Suisse et Paris, Éd. univer ... La doctrine Ă©quipĂ©e par S. Thomas n’est pas la doctrine d’un homme, c’est tout le labeur des PĂšres de l’Église, et des chercheurs de la GrĂšce, et des inspirĂ©s d’IsraĂ«l sans oublier les Ă©tapes antĂ©rieures franchies par l’esprit humain, sans oublier non plus l’appoint fourni par le monde arabe qu’elle porte Ă  l’unitĂ© et non pas certes comme Ă  un point d’arrĂȘt ! Car elle est un organisme intelligible fait pour croĂźtre toujours, et Ă©tendre Ă  travers les siĂšcles son insatiable aviditĂ© de nouvelles proies. C’est une doctrine ouverte et sans frontiĂšres ; ouverte Ă  toute rĂ©alitĂ© oĂč qu’elle soit et Ă  toute vĂ©ritĂ© d’oĂč qu’elle vienne ; notamment aux vĂ©ritĂ©s nouvelles que l’évolution de la culture et celle de la science la mettront en Ă©tat de dĂ©gager – ce qui suppose un effort de l’esprit pour transcender un moment son propre langage conceptuel afin d’entrer dans le langage conceptuel d’autrui, et de revenir de ce voyage en ayant saisi l’intuition dont a vĂ©cu cet autre. [
] Et parce qu’elle est ainsi une doctrine ouverte, une faim et une soif jamais rassasiĂ©es de la vĂ©ritĂ©, la doctrine de S. Thomas est une doctrine indĂ©finiment progressive ; et une doctrine libre de tout sauf du vrai, et libre Ă  l’égard d’elle-mĂȘme, et de ses imperfections Ă  corriger, et de ses vides Ă  combler, et de ses formulateurs et de ses commentateurs, et du maĂźtre lui-mĂȘme qui l’a instituĂ©e, je veux dire libre de lui comme il Ă©tait lui-mĂȘme, prĂȘte, comme lui, aux changements et refontes requis par une meilleure vue des choses, et aux dĂ©passements et approfondissements demandĂ©s par une enquĂȘte toujours en progrĂšs33. 34 Cf. François Biot, TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966. 32 Mythe », avaient jugĂ© un certain nombre de dĂ©tracteurs, haussant les Ă©paules, mais mythe que l’ultime Maritain » eut avant de mourir le temps d’illustrer encore, ressaisissant les principales objections de fond qui avaient pu lui ĂȘtre faites au ïŹl de la controverse et y rĂ©pondant, en multipliant les hypothĂšses de recherche », les essais de refonte doctrinale », les approches sans entraves ». Et puisqu’il faut ïŹnir sur un exemple, c’est ici qu’il faudrait notamment confronter de plus prĂšs l’ecclĂ©siologie du Paysan et celle de Lumen Gentium, puisque l’on avait reprochĂ© Ă  l’essai d’ĂȘtre restĂ© enfermĂ© dans la thĂ©ologie de l’Église du cardinal Journet », elle-mĂȘme supposĂ©e incapable de rendre compte pleinement des orientations conciliaires34 », en ignorant d’ailleurs tout ce que le thĂ©ologien tenait du philosophe et le rĂŽle souvent premier de Maritain dans l’intuition. 35 Cf. La personne de l’Église et son personnel dossier de lettres prĂ©sentĂ© par Garrigues », ... 33Pour ne pas coĂŻncider tout Ă  fait avec l’ecclĂ©siologie conciliaire, puisqu’elle prĂ©fĂ©rait pour dĂ©ïŹnir l’Église la catĂ©gorie scolastique de personne » Ă  celle biblique et sociologique de peuple », la rĂ©ïŹ‚exion maritainienne sur l’Église et ses frontiĂšres, prolongĂ©e en 1970 par son dernier traitĂ© De l’Église du Christ, entretenait cependant avec Lumen Gentium un lien d’autant plus Ă©troit qu’elle se prĂ©cisait aprĂšs, et se situait aussi sans doute beaucoup plus en avant qu’en arriĂšre35. En avant de Nostra Aetate en tout cas, Maritain et Journet faisant ici partie de ceux qui avaient jugĂ© cette premiĂšre dĂ©claration sur les religions non-chrĂ©tiennes bien sommaire » quand la catĂ©gorie sociologique de peuple » enfermait encore l’Église dans des frontiĂšres visibles, celle de personne de l’Église », que le philosophe distinguait de son personnel », lui permettait d’explorer les modes d’appartenance des familles spirituelles les plus diverses Ă  l’Église invisible elle- mĂȘme, jusqu’à rechercher ïŹnalement l’élĂ©ment d’Église absolument foncier et universel » prĂ©sent en chaque homme. InterrogĂ© sur le Paysan encore, le 2 avril 1967, Ă  la tĂ©lĂ©vision, le PĂšre Congar ne s’était cette fois pas trompĂ© sur la valeur d’appel des vues dĂ©veloppĂ©es 36 Cf. Le Feu nouveau, p. 426-427 Sur cette question de l’ƓcumĂ©nisme, Maritain a quelques pages extrĂȘmement profondes, qui dĂ©passent d’ailleurs l’ƓcumĂ©nisme pour, je dirais, donner son statut, son espĂšce de charte au dialogue, lequel n’est pas seulement le mot Ă  la mode, vous savez, mais le mot profond aujourd’hui dont le Saint PĂšre a fait le thĂšme de son encyclique Ecclesiam suam, estimant que l’Église doit exercer aujourd’hui sa mission par mode de dialogue. Maritain dit ceci jadis, on a considĂ©rĂ© les autres surtout en ce qu’ils pouvaient me devenir ressemblants, et on les estimait ainsi. Je me serais intĂ©ressĂ© par exemple Ă  un bouddhiste comme un catholique possible. Aujourd’hui, on considĂšre les autres, on s’intĂ©resse Ă  eux, on les aime pour ce qu’ils sont dĂ©jĂ  en eux-mĂȘmes. Eh bien lĂ , cela, j’estime que c’est une base extrĂȘmement profonde et prĂ©cise pour tout ƓcumĂ©nisme et pour toute la fonction de dialogue de l’Eglise36. Haut de page Notes 1 Cf. J. Maritain, Le Feu nouveau. Le Paysan de la Garonne, PrĂ©f. et dossier critique de M. Fourcade, GenĂšve, Ad Solem, 2007. 2 Lettre du cardinal Journet Ă  Maritain, 12 janvier 1967. 3 Henry Bars, À propos du Paysan de la Garonne », Revue thomiste, 1968 1, p. 89-100. 4 TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966. 5 Le Paysan de la Garonne nous Ă©crit », Masses ouvriĂšres, n° 238, mars 1967. 6 Louis Jugnet, Maritain et le NĂ©o-modernisme », La PensĂ©e catholique, n° 107, 1967. 7 Marcel Clement, Maritain », L’Homme nouveau, 3 juin 1973. 8 RenĂ© Pucheu, Affronter Maritain », Esprit, fĂ©vrier 1967. 9 HervĂ© Chaigne, Le Paysan du Styx et de l’Acheron », FrĂšres du monde, n° 43-44, 1967. 10 Bars, À propos du Paysan de la Garonne ». 11 Chaigne, Le Paysan du Styx et de l’Acheron ». 12 Voir ici les deux couvertures cĂ©lĂšbres du magazine Time, du 8 avril 1966 Is God Dead ? » et du 26 dĂ©cembre 1969 Is God coming back to life ? ». 13 Henri Fesquet, TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966 ; Jean-Marie PAUPERT, Vieillards de chrĂ©tientĂ© et chrĂ©tiens de l’an 2000, Paris, Grasset, 1967. 14 GĂ©rard Granel, Propositions concrĂštes pour la lutte » appendice Ă  son Rapport sur la situation de l’incroyance en France », prĂ©sentĂ© en octobre 1970 Ă  une journĂ©e du SecrĂ©tariat français pour les non-croyants et publiĂ© dans Esprit en janvier 1971. Esprit refusa l’appendice, mais l’ensemble est repris par Granel dans son recueil Traditionis traditio, Paris, Gallimard, 1972. 15 Louis Salleron, Qu’en pense Maritain ? », La Nation française, 29 juillet 1965. 16 Cf. Ph. Chenaux, Paul VI et Maritain. Les rapports du montinianisme et du maritanisme, Brescia, Istituto Paolo VI, 1994 ; M. Cagin, Maritain, du Paysan de la Garonne Ă  la Profession de foi de Paul VI », dans Montini, Journet, Maritain une famille d’esprit, Brescia, Pubblicazioni dell’Istituto Paolo VI, n° 22, 2000, p. 48-71. 17 Cf. Paul VI, Discours de clĂŽture du 7 dĂ©cembre 1965 », Documentation catholique, n° 1462, 2 janvier 1966. 18 Maritain Ă  Gilson, 15 novembre 1967. 19 Yves Congar, Une certaine peine », Le Monde, 28 dĂ©cembre 1966 et lettre du mĂȘme Ă  Maritain, 27 novembre 1966. 20 Cf. M. Fourcade, Un Seigneur, des histoires. La RoyautĂ© du Christ Ă  l’heure de Vatican II », Communio, 2007 1, p. 71-85. 21 Jean Madiran, Le Paysan et le Ruminant », ItinĂ©raires, n° 112, avril 1967. 22 Cf. Yves Congar, OĂč va-t-on ? Une analyse critique des tendances actuelles », Informations Catholiques Internationales, n° 286, 15 avril 1967 ; Henri de Lubac, Teilhard et notre temps, Paris, coll. Foi vivante », 1971. 23 Chaigne, Le Paysan du Styx et de l’Acheron ». 24 Lettre du P. Chenu au P. Congar, dĂ©cembre 1966 Archives de la province de France, papiers Congar. 25 Marie-Dominique Chenu, Jacques Duquesne, Un thĂ©ologien en libertĂ©, Paris, Le Centurion, 1975, p. 76-82. 26 Jean Cardonnel, La grande peur de n’ĂȘtre que des frĂšres », FrĂšres du monde, n° 46-47, 1967. 27 Voir notamment Dr Paul Chauchard, TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966. 28 Cf. Christian Duquoc, La mort de Dieu. Signification d’une thĂ©ologie », La Table Ronde, n° 239, dĂ©cembre 1967. 29 Cf. M. Fourcade, L’Anti-Thomisme Ă  l’heure du concile et du paraconcile », dans L’Anti-Thomisme. Histoire, thĂšmes et figures. Colloque 11-12 Mai 2007, Actes Ă  paraĂźtre Bonino. 30 Claude GeffrĂ©, Une thĂ©ologie marginalisĂ©e », Autrement, n° 2, 1975. 31 L’Ami du ClergĂ©, 13 avril 1967 ; voir Fourcade, La querelle du Paysan un tour d’horizon critique » chap. 4 Le paysan, le clerc de la nouvelle vague, le troisiĂšme homme », dans Maritain, Le Feu nouveau, p. 473-494. 32 Gonzague Truc, Les Écrits de Paris, mars 1967. 33 J. Maritain, Le Paysan de la Garonne, dans ƒuvres ComplĂštes, Fribourg Suisse et Paris, Éd. universitaires et Éd. Saint-Paul, vol. XII, p. 841 ; cf. M. Fourcade, Peut-on parler d’école maritainienne ? Le maritainisme parmi les thomismes », Toulouse, Recherches philosophiques III, 2007, p. 7-32. 34 Cf. François Biot, TĂ©moignage chrĂ©tien, 15 dĂ©cembre 1966. 35 Cf. La personne de l’Église et son personnel dossier de lettres prĂ©sentĂ© par Garrigues », Cahiers J. Maritain, n° 41, 2000. 36 Cf. Le Feu nouveau, p. 426-427Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Michel Fourcade, Le paysan de la Garonne les enjeux d’une rĂ©ception », Revue des sciences religieuses, 81/4 2007, 461-480. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Michel Fourcade, Le paysan de la Garonne les enjeux d’une rĂ©ception », Revue des sciences religieuses [En ligne], 81/4 2007, mis en ligne le 30 juillet 2015, consultĂ© le 26 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Droits d'auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page
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